Le train de la mort by Christian Bernadac

Le train de la mort by Christian Bernadac

Auteur:Christian Bernadac [Bernadac, Christian]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire, Guerre
ISBN: 9782704807192
Éditeur: France Empire
Publié: 1969-12-31T23:00:00+00:00


5

LA NUIT, PREMIÈRE NUIT

Nouveau wagon La Perraudièrecxcvii

Nous nous préparons à passer la nuit et rassemblons tant bien que mal le peu de paille qui jonche le wagon pour nous étendre dessus. J’ai près de moi un camarade jeune, il reste étendu sans parler. Un gendarme, me dit-on.

Ainsi cette nuit qui va être effroyable pour tant d’entre nous, qui verra des centaines de morts et cela au milieu de scènes hallucinantes, je vais au contraire la passer sans confort, certes, mais calmement, je dormirai même à certaines heures. Ce n’est qu’au matin que je m’apercevrai que le gendarme auprès de moi est mort… L’allure reste toujours aussi lente. Le train s’arrête de temps à autre sans cause apparente, en pleine campagne. À un moment donné quelqu’un hasarde :

— C’est peut-être qu’il y a eu une évasion.

De fait, à chaque arrêt, des soldats descendent de chaque côté du train et surveillent. Une fois j’en avise un, un vieux qui paraît calme. Je lui dis en (mauvais) allemand :

— Comment ça va-t-il dans les autres wagons ?

— Alles schlimm ! (ça va mal) me répond-il. Me voilà renseigné. Il n’y a pas que dans le wagon que j’ai quitté que ça a dû mal allercxcviii !

Tentative d’évasion wagon Helluy-Aubert-Villiers.

Témoignage docteur Joseph Helluy.

La situation très tendue peut s’aggraver rapidement et devenir tragique. Soutenu par quelques amis, j’argue de ma qualité de médecin et d’officier pour prendre la direction du wagon. J’institue un tour de rôle pour que soient assis au centre du wagon quelques camarades, tous les autres restant debout, comprimés aux deux extrémités. Ainsi la situation est moins intolérable.

Dans la nuit, au prix d’une épreuve qui faillit être de force – certains communistes voulant s’y opposer – je donne l’ordre de pratiquer le trou d’évasion. Multiples arrêts du train… et de l’opération. Le temps passe. Le jour pointe. Je donne l’ordre d’enfoncer le panneau : réalisé en même temps que le train s’arrête.

Témoignage Édouard Aubert.

— Je suis certain que, comme moi et d’autres survivants, Georges Villiers, devenu à son retour de déportation président du Comité national du Patronat français, tout comme je devins Secrétaire général de la Fédération C.G.T. des travailleurs du Textile, n’a pas oublié ces heures hallucinantes vécues ensemble… Je suis sûr qu’il se souvient de ces hommes, communistes et gaullistes mêlés, qui, aguerris par l’expérience de la lutte clandestine, surent organiser et faire respecter la discipline qui finalement devait sauver la vie de tous au cours de ce terrible voyage.

Par chance les deux petites lucarnes de notre wagon étaient ouvertes… Lui aussi comme chacun de nous fut hissé à bout de bras et à son tour à l’une de ces lucarnes pour y respirer l’air pendant quelques instants avant de reprendre sa place assis par terre, dans l’ordre établi et imposé non sans mal afin d’éviter la bousculade et les mouvements inutiles. Dès la première nuit nous avions utilisé cette méthode : « La manœuvre de minuit », avait dit l’un de nous en riant tant il est vrai que,



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